12 octobre 2007
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La question démographique en Chine est à la fois fascinante et un peu effrayante. Comme vous le savez déjà, la Chine est le pays le plus peuplé du monde, avec plus de 1,3 milliard d'habitants. Comment se répartit cette population sur le territoire, lui-même colossal, du pays ? Quelles sont les dynamiques actuelles et leurs enjeux ? J'ai un peu travaillé sur ces questions essentielles à Sciences Po, donc je vais tenter de vous restituer quelques points marquants sur cette problématique, qui n'a pas encore trouvé toutes ses solutions ici en Chine.
La carte d'origine : www.chine-informations.com/fichiers/1138901094.jpg
Vous ne serez pas surpris de retrouver le même découpage que pour les autres articles, avec une forte densité sur le littoral oriental, puis le long des grands fleuves que vous pouvez presque suivre en rouge sur la carte (Fleuve Jaune au nord et Yangzi au sud). Au nord et à l'ouest, il y a une nouvelle fois moins de monde, moins de villes, moins d'infrastructures. Certaines zones sont même inhabitées car désertiques ou bien trop élevées. L'échelle de cette carte ne rend pas bien compte des chiffres de densité qui explosent dans les centres urbains, bien au-dessus des 200 habitants au km2 annoncés, mais c'est sur cette carte que le découpage était le plus visuel.
Néanmoins, vous auriez tort de penser que tous les Chinois vivent dans des tours dans les banlieues de Pékin, Shanghai et d'ailleurs. Bien au contraire, l'équilibre entre urbains et ruraux est tout juste atteint. A la fin des années 1970, avant les grandes réformes de Deng Xiaoping, le successeur de Mao, 80% de la population chinoise est rurale. Car le maoïsme a prômu un système basé sur des petites collectivités paysannes ou industrielles dans de petits bourgs autosuffisants et quasiment autarciques. On était alors dans une dynamique de peuplement des campagnes et des provinces du centre et de l'ouest. Tout déplacement de population était planifié, et contrôlé grâce au système du hukou (户口), qui était une sorte de permis de résidence, qui vous empêchait de quitter votre lieu de vie et de travail. Avec l'ouverture du pays et le léger mouvement de libéralisation politique et économiques, le système du hukou a été assoupli, et les migrations de populations se sont accrues.
Elles se sont accrues à tel point que d'environ 20% d'urbains en 1980, on devrait arriver à plus de 60% d'ici 2020. A l'échelle de la Chine, cela représente... plus de 400 millions de nouveaux urbains à loger et employer ! Imaginez que la moitié de la population de l'actuelle Union européenne migre vers nos centres urbains sur une période de moins d'un demi-siècle ! Si la majorité des flux se concentrent au niveau intra-provincial, il n'en reste pas moins de gros problèmes d'urbanisation à résoudre pour accueillir tout le monde. Du coup, des villes champignons naissent un peu partout. La "population flottante" de travailleurs migrants, dont on sait simplement qu'elle ne vit pas sur son lieu d'origine est officiellement estimée autour de 150 millions de personnes tout de même, sachant qu'une partie échappe aux contrôles.
Les enjeux sont donc aussi cruciaux que divers : montée de l'immobilier, explosion des réseaux de transports et notamment de l'utilisation de l'automobile, perte de temps dans les déplacements, et bien sûr, pollution massive des centres urbains. Je pense consacrer quelques brefs articles d'annexe à ces questions, en plus de la suite de la série principale sur la géographie de la Chine contemporaine au sens large. Après la mobilité des populations, le prochain article sera consacré aux transformations économiques et industrielles engendrées par l'ouverture de la Chine aux marchés internationaux depuis une grosse décennie.
La carte d'origine : www.chine-informations.com/fichiers/1138901094.jpg
Vous ne serez pas surpris de retrouver le même découpage que pour les autres articles, avec une forte densité sur le littoral oriental, puis le long des grands fleuves que vous pouvez presque suivre en rouge sur la carte (Fleuve Jaune au nord et Yangzi au sud). Au nord et à l'ouest, il y a une nouvelle fois moins de monde, moins de villes, moins d'infrastructures. Certaines zones sont même inhabitées car désertiques ou bien trop élevées. L'échelle de cette carte ne rend pas bien compte des chiffres de densité qui explosent dans les centres urbains, bien au-dessus des 200 habitants au km2 annoncés, mais c'est sur cette carte que le découpage était le plus visuel.
Néanmoins, vous auriez tort de penser que tous les Chinois vivent dans des tours dans les banlieues de Pékin, Shanghai et d'ailleurs. Bien au contraire, l'équilibre entre urbains et ruraux est tout juste atteint. A la fin des années 1970, avant les grandes réformes de Deng Xiaoping, le successeur de Mao, 80% de la population chinoise est rurale. Car le maoïsme a prômu un système basé sur des petites collectivités paysannes ou industrielles dans de petits bourgs autosuffisants et quasiment autarciques. On était alors dans une dynamique de peuplement des campagnes et des provinces du centre et de l'ouest. Tout déplacement de population était planifié, et contrôlé grâce au système du hukou (户口), qui était une sorte de permis de résidence, qui vous empêchait de quitter votre lieu de vie et de travail. Avec l'ouverture du pays et le léger mouvement de libéralisation politique et économiques, le système du hukou a été assoupli, et les migrations de populations se sont accrues.
Elles se sont accrues à tel point que d'environ 20% d'urbains en 1980, on devrait arriver à plus de 60% d'ici 2020. A l'échelle de la Chine, cela représente... plus de 400 millions de nouveaux urbains à loger et employer ! Imaginez que la moitié de la population de l'actuelle Union européenne migre vers nos centres urbains sur une période de moins d'un demi-siècle ! Si la majorité des flux se concentrent au niveau intra-provincial, il n'en reste pas moins de gros problèmes d'urbanisation à résoudre pour accueillir tout le monde. Du coup, des villes champignons naissent un peu partout. La "population flottante" de travailleurs migrants, dont on sait simplement qu'elle ne vit pas sur son lieu d'origine est officiellement estimée autour de 150 millions de personnes tout de même, sachant qu'une partie échappe aux contrôles.
Les enjeux sont donc aussi cruciaux que divers : montée de l'immobilier, explosion des réseaux de transports et notamment de l'utilisation de l'automobile, perte de temps dans les déplacements, et bien sûr, pollution massive des centres urbains. Je pense consacrer quelques brefs articles d'annexe à ces questions, en plus de la suite de la série principale sur la géographie de la Chine contemporaine au sens large. Après la mobilité des populations, le prochain article sera consacré aux transformations économiques et industrielles engendrées par l'ouverture de la Chine aux marchés internationaux depuis une grosse décennie.