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Bienvenue sur mon blog !

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Je m'appelle Valentin Chaput, ou Xia Bing
en chinois (夏冰 : "glace de l'été"). En 2007-2008, l'année de mes 20 ans, j'ai eu la chance de partir un an apprendre le mandarin à Pékin dans le cadre de ma troisième année à Sciences Po Paris. J'étudiais à l'université de langues étrangères de Pékin, connue en Chine sous le nom de BeiWai, abbréviation de Beijing Waiguoyu Daxue (北京外国语大学).

Vous trouverez sur ce blog le récit de ma vie pékinoise en cette année olympique, des photos de mes voyages et des dossiers thématiques pour découvrir à mes côtés la richesse de la civilisation chinoise. J'espère que vous prendrez du plaisir à parcourir ce blog, et qu'il vous donnera envie de vous rendre en Chine à votre tour !

谢谢

 

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5 décembre 2007 3 05 /12 /décembre /2007 15:41
Il y a deux semaines, j'avais évoqué le soir où notre classe a été assister à une série de spectacles chinois à la Maison de Thé de Lao She (Lao She Chaguan : 老舍茶馆). Nos professeurs nous avaient dit que le nom de ce lieu venait d'un livre écrit par Lao She, nommé Chaguan, que je me suis procuré en version bilingue, afin de le présenter lors de mon exposé de kouyu d'hier. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Lao She (1899-1966) est sans doute l'un des plus célèbres écrivains chinois du XXe siècle, avec des livres qu'il faut absolument que je lise comme Quatre générations sous un même toit, Pousse-pousse ou Les Gens de Pékin. Lao She est particulièrement apprécié à Pékin, qui est le théâtre de ses principaux ouvrages. Il est vrai qu'il a assisté à quelques grands bouleversements de la capitale chinoise, de la fin de l'Empire lorsqu'il était enfant, à la Révolution culturelle qui le réprimera. Sa mort en 1966, officiellement qualifiée de suicide, susciterait toujours quelques interrogations.



Mais c'est bien de cette fameuse Maison de Thé que je veux vous parler ici. Le texte est en réalité une pièce de théâtre, qui se déroule en trois actes pour autant d'époques (1898, les années 1920, et juste après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale). Seul le lieu ne change pas : une Maison de Thé authentique et célèbre de Pékin. Ce Yutai Dachaguan ("Grande Maison de Thé de la Paix prospère") est tenu par Wang Lifa.

En 1898, un mouvement réformiste vient d'être réprimé en Chine. L'Impératrice douairière Cixi reste donc à la tête d'un Empire dépensier. Les étrangers sont également présents en Chine, ce qui provoque la grande colère des clients chinois du salon de thé, qui n'hésitent pas à rivaliser de xénophobie. En effet, la population ne peut pas se permettre les mêmes folies que l'Impératrice ou les riches marchands occidentaux. Certains campagnards sont si pauvres qu'ils doivent vendre leurs enfants. C'est le cas de Kang Liu, contraint malgré lui par le terrible Liu Mazi de vendre sa propre fille, Kang Shunzi, à l'eunuque Pang, un vieil homme riche et influent à la cour.

Vingt ans plus tard, la Chine est devenue une République, mais, dans un pays en proie aux troubles politiques, la situation des moins fortunés ne s'est pas améliorée pour autant. Les propriétaires de salons de thé ont pour la plupart fermé leur enseigne. Wang Lifa résiste comme il peut, mais ses moyens sont moins importants qu'auparavant. La situation de Kang Shunzi a également évolué : son mari est mort, et elle n'a plus assez de ressources pour nourrir son fils adoptif, Kang Dali. Elle se remémore la funeste maison de thé, et propose ses services à Wang Lifa. Une fois sur place, elle recroise Liu Mazi, et est sur le point de lui faire payer les dures années de mariage forcé qu'elle a endurées. Liu Mazi, ayant bien d'autres ennemis à Pékin, sera en fait tué par d'autres clients.

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Le dernier acte de ce drame se déroule après le départ des occupants Japonais. Le Guomindang tente de faire régner sa loi à Pékin, mais la terrible précarité de le population, qui meurt de faim, conduit certains à se rebeller contre l'ordre qui se met en place. C'est le cas de Kang Dali, à la tête d'un mouvement clandestin, qui orchestre notamment les énormes manifestations de professeurs. Dans le même temps, la situation est devenue intenable pour Wang Lifa, qui n'a ni l'énergie ni les moyens financiers de sa jeunesse pour faire survivre son salon de thé. De plus, le fils de Liu Mazi veut venger son père en bénéficiant de ses contacts hauts-placés dans le Guomindang pour prendre possession de la maison de thé devant laquelle son père a été tué vingt ans plus tôt.

La fin est terrible. Elle m'a d'autant plus surpris que je pensais qu'il me restait encore plusieurs pages avant la fin, alors que je tournais en réalité la dernière page pour lire les dernières répliques. Par conséquent, je ne vous dévoile pas le choc final, pour que vous le découvriez à votre tour si vous décidez de lire cette petite pièce. J'ai résumé ici l'intrigue principale, mais il y a de nombreux autres personnages, qui vous permettront d'explorer d'autres facettes de la vie des Pékinois de la première moitié du XXe siècle. J'ai vraiment apprécié l'arrière-plan historique très prononcé et très instructif, mais qui ne nuit pas pour autant à l'histoire des personnages centraux. Ayant développé l'intrigue, je ne mets pas d'extraits cette fois-ci. Retenez que c'est un petit livre qui se lit vite et qui vaut vraiment le coup d'oeil !
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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 06:57
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Un Poème : Pensée nocturne, de Li Po.

Pensée nocturne

Devant mon lit clarté lunaire
Est-ce du givre couvrant la terre ?
Tête levée je vois la lune ;
Yeux baissés songe au sol natal.

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Yue, la Lune.

Je n’ai pas encore eu beaucoup de temps pour me pencher sur la poésie chinoise, qui est pourtant d’une richesse infinie. Elle est également d’une grande complexité littéraire en version originale, et je doute de connaître un jour suffisamment de caractères pour en lire directement en Chinois. Néanmoins, il existe quelques recueils de traductions. Ce poème a été écrit par Li Po (701-762), un des plus grands poètes chinois de la dynastie des Tang, qui marque l’âge d’or poétique de la civilisation chinoise. Il a été traduit par François Cheng, dans une petite anthologie dont je vous reparlerai prochainement.

Je n’ai fait que parcourir quelques vers de l’ouvrage, mais ceux-là me conviennent parfaitement pour l’occasion d’aujourd’hui, car ils correspondent bien à ce que je ressens parfois le soir en me couchant dans mon lit chinois. Pour être parfaitement exact, je ressens surtout par avance la flemme du lendemain matin quand mon portable va me réveiller à 7h ! Tellement tôt qu’il y a encore du givre qui recouvre le sol ! Pour être plus poétique, la nuit est en effet le meilleur moment pour réfléchir à mon expérience, à la chance que j’ai d’être là où je suis, sous la clarté lunaire. Notre satellite évoqué par Li Po définit bien ma localisation géographique actuelle, car contrairement à l’Europe qui à mon sens se baserait plus sur le Soleil, la Lune est un symbole très important en Chine. Le calendrier traditionnel chinois est basé sur les cycles lunaires, avec même une fête qui est dédiée spécialement à la Lune. Je vous en avais parlé dans un article fin septembre (le 26 septembre cette année).

Tête levée, je regarde donc avec optimisme vers la Lune et l’avenir. L’avenir de la Chine, du monde, mais aussi le mien, et celui du blog ;-) Yeux baissés, je ne peux m’empêcher de songer avec un brin de nostalgie au sol natal, à la France, à Paris (et au PSG…), à ma vie d’avant, et bien sûr à vous tous, famille et amis, que je salue ici, en attendant de vous revoir… l’année prochaine !  

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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 05:43
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Un Livre : Le Très Corruptible Mandarin.

Dernier "livre chinois" que j’avais emporté dans mes bagages, ce petit polar de Qiu Xiaolong se lit avec plaisir. Le Très Corruptible Mandarin, dont le titre original est Red Rats, the Case of Two Cities, est une des aventures de l’Inspecteur principal Chen Cao, policier shanghaïen et poète à ses heures. Détail amusant au passage : le personnage principal et quelques-uns de ses proches collaborateurs, ainsi que l'auteur, ont fait leurs études à… BeiWai !
Publié en 2005, ce roman policier fait partie d’une série qui, à ma connaissance, comprend cinq épisodes déjà traduits en Français. N’étant pas un grand lecteur de polar, je ne connaissais ni l’auteur ni la série, mais ces romans ont acquis une certaine notoriété, puisque je l’avais trouvé en tête de rayon à la Fnac.

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Qiu Xiaolong est lui-même originaire de Shanghai. Il a quitté la Chine après 1989, pour s’installer et écrire aux Etats-Unis. D’après sa petite biographie présente dans mon édition, il partage de nombreux points communs avec son personnage et l’intrigue qui le concerne dans ce roman.
Cette intrigue justement débute par le décès suspect de Hua, un policier important de la province du Fujian (au sud de Shanghai), dans un club de karaoké à la réputation sulfureuse. L'inspecteur Chen découvre rapidement que cette mort trouve son explication dans le sombre contexte de la corruption galopante dans les hautes sphères politiques et économiques chinoises. Son amie An, animatrice vedette de télévision menacée par la révélation de photos volées, est assassinée à son tour. Alors qu’il semble sur une piste, Chen est curieusement nommé par Pékin à la tête d’une délégation d’écrivains chinois en partance pour les Etats-Unis. Contraint d’abandonner son enquête en Chine, il la poursuit en Amérique, où il retrouve la piste de Xing Xing, un puissant cadre du Parti communiste chinois, soupçonné de corruption, qui cherche à échapper aux poursuites du Parti. Je ne vous en dis pas plus sur l’intrigue, qui est relativement bien ficelée, mais sans être renversante non plus.

En revanche, un passage m’a particulièrement plu. Il est trop long pour être retranscrit, mais je vous le raconte rapidement. Une fois à Los Angeles, Chen cherche un moyen d’approcher Xing sans dévoiler son identité d’inspecteur. Il apprend que la mère de Xing se rend très souvent dans un temple bouddhiste afin de prier pour ses deux fils. Chen se fait alors passer pour un devin venu spécialement pour l’aider, et, selon la demande de la mère de Xing, il se lance dans une interprétation du caractère chinois xing.


Le caractère n’apparaît nulle part dans le livre en version française, mais vu que je le connais, ce passage a pris tout son sens pour moi. L’étude de la clé et des éléments qui composent le caractère aident Chen à orienter sa prédiction vers les questions de son enquête. Xing signifie tout d’abord "la possibilité", comme dans la question très simple "xing bu xing ?" que l’on pose régulièrement ici, et qui peut se traduire par "Est-il possible de… ?". Mais ce caractère associé à d’autres donne d’autres sens. Ainsi, xing s’utilise dans luxing, qui signifie "le voyage". On le trouve également sous une autre prononciation dans yinhang, qui signifie "la banque". Ainsi Chen parvient à guider sa divination dans le sens de ses recherches, et obtient des informations sur les voyages et les problèmes d’argent de son suspect ! J’ai vraiment trouvé cela très ingénieux de la part de l’auteur, même si, après réflexion, il y a peu d'autres caractères chinois qui permettraient à un enquêteur d’aboutir à autant de réponses !

En conclusion, si vous cherchez un petit roman policier sympathique, ayant pour cadre la Chine et disponible facilement dans les librairies françaises, je vous conseille ce livre ou un autre du même auteur.

Le Très Corruptible Mandarin, Une Enquête de l’Inspecteur Chen, de Qiu Xiaolong, traduit par Françoise Bouillot, Editions Liana Levi et Points Seuil (2006).
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13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 10:46
En effet, il fait désormais si froid ici (au nord de la Chine du moins, car Etienne me disait qu'il faisait encore 25°C à Hong Kong) que plus rien ne pousse dans les champs désolés du Shanxi. Les huit heures de train retour dont je vous parlais dans l'article précédent m'ont permis de lire un petit livre très célèbre en Chine, mais encore trop méconnu en France. Vous me direz que j'ai utilisé un titre bien pompeux pour mon article, mais après tout, il correspond bien au titre du livre en question : Fleurs du matin cueillies au soir (朝花夕拾 : Zhao hua si shi), écrit par Lu Xun en 1926. Lu Xun (鲁迅 : 1881-1936) est considéré en Chine comme le plus grand écrivain chinois du XXe siècle. Leader d'une génération d'écrivains à l'esprit réformiste, il a été glorifié par le régime après sa mort.


Avant de partir à Pingyao, j'ai trouvé dans une librairie proche de BeiWai qui vend des livres étrangers une édition bilingue de ce petit recueil, dont nous avions parlé avec nos partenaires linguistiques à Xi'an si mes souvenirs sont bons. Comme d'habitude, je suis plein de bonne volonté au début : comme pour les Harry Potter en VO, je me suis dit que j'allais lire la version chinoise, et noter consciencieusement tous les caractères inconnus. Comme d'habitude, au-delà de la deuxième page, je me suis concentré presque uniquement sur les pages de droite, qui donnent la traduction française. J'essayerai toutefois d'en relire un bout plus sérieusement (ça, c'est juste pour satisfaire ma bonne volonté, vous savez comme moi que je ne le ferais pas ;-)).

Bref, entrons dans le vif du sujet, avec le contenu de ce recueil qui compile sept petites réflexions de l'auteur, qui raconte sous la forme d'un journal intime, des passages marquants de son enfance au début de sa vie adulte. On découvre par exemple la servante Ah Chang qui l'a élevé, la révélation de son intérêt pour la littérature, ou encore sa vocation pour la médecine au travers de l'histoire des médecins de sa ville, de l'expérience traumatisante de la mort à petit feu de son père, puis des cours qu'il reçoit de Monsieur Fujino au Japon. Bien sûr, chacun sera touché par des passages différents. Pour ma part, mes trois préférés sont les châpitres 2, 5 et 6, peut-être parce que je les ai lus plus attentivement que les autres, en profitant d'une accalmie dans l'agitation du train !


Le deuxième passage est celui où le jeune Lu Xun découvre l'intérêt de la littérature classique chinoise, alors que son père lui demande d'apprendre par coeur un passage de l'Histoire rimée portant sur la création du monde par Pan Gu, en échange de la permission de se rendre à "La Foire aux Cinq Dieux cruels". Cette fameuse foire qui l'attirait tant sera finalement d'un intérêt très limité comparé à l'histoire de ce Créateur du monde (cf. articles sur le Taishan, dans lesquels j'ai raconté cette légende) et des autres lectures qui suivront.

Le cinquième passage est celui de "La maladie de (son) père", atteint d'une hydropisie qui l'emportera malgré les soins des deux meilleurs médecins de la ville. Outre les médicaments intriguants que Lu Xun doit aller cueillir pour soigner son père, comme "la canne à sucre ayant subi le gel pendant trois années consécutives", ce châpitre est très intéressant pour comprendre la philosophie chinoise en rapport avec la maladie, la mort, le destin. Lorsque la médecine chinoise est sans recours, il s'agit certainement d'un ancêtre châgriné par un certain comportement du malade qui se venge.
Voici un petit extrait par exemple:
    - Le traitement actuel peut ne pas être très efficace, dit M. Chen (le médecin) un autre jour. Je pense que nous devrions demander à un devin si quelque démon vengeur ne se trouve pas derrière tout ceci... Le médecin soigne les maladies, mais non le destin, n'est-ce pas ? Il est évidemment possible qu'il s'agisse de quelque chose qui se serait produit dans une vie antérieure. (...)
    Du temps de l'empereur Jaune, sorciers et médecins étaient tout un, et c'est pour cela que jusqu'à maintenant, leur disciples aperçoivent encore des démons et croient que la "langue est le germe intelligent du coeur". Voilà le "destin" des Chinois, que même les médecins célèbres sont incapables de soigner.
    Mon père ne voulant pas du remède efficace à appliquer sur la langue et ne parvenant pas à imaginer un démon vengeur auquel il aurait nui, il était tout simplement inutile qu'il ingurgite, serait-ce cent jours durant, des pilules "de peau de tambour crevée". Elles s'avérèrent incapables de combattre l'hydropisie, et à la fin mon père demeura couché, haletant, sur son lit."


Enfin le sixième passage a un intérêt historique certain, puisque Lu Xun part étudier au Japon chez un professeur exceptionnel, et il retranscrit la xénophobie japonaise envers les Chinois, quelques années avant les affrontements tragiques entre les deux pays (sur lesquels je reviendrai sûrement plus tard dans l'année).

Je suis déjà très long, donc je vous conseille simplement cette petite lecture rapide et dépaysante si vous avez huit heures de train à tuer un dimanche après-midi ;-).

Fleurs du matin cueillies au soir
, de Lu Xun, 1926, traduction de François Jullien (rien n'est indiqué dans mon édition, mais c'est visiblement lui qui a traduit le recueil en 1976), Editions en Langues Etrangères.
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16 octobre 2007 2 16 /10 /octobre /2007 17:09
Je vous avais prévenu : ma dernière lecture en cours n'était pas d'un très haut niveau. En fait, c'est le niveau d'un petit enfant chinois... Puisque j'ai tout simplement craqué en voyant la version "Journal de Mickey" de Star Wars dans la grande librairie de Wangfujing il y a une dizaine de jours. Je cherchai des livres pour enfants chinois, qui connaissent à peu près le même nombre de caractères que moi. Ces livres sont souvent très bien faits, avec la prononciation en pinyin en dessous des caractères, une explication des plus compliqués. Très efficace pour progresser ! Parmi mes achats, je me suis donc offert cette Guerre des Etoiles version Disney.


Un peu de vocabulaire tout d'abord :
-La Guerre des Etoiles = 星球大战 (xingqiu dazhan),
-Mickey Mouse = 米奇 (Miqi) ou 米老鼠 (milaoshu = "Mi la vieille souris"),
-Donald Duck = 唐纳德 (Tangnade),
-Dingo = 高飞 (Gaofei, mais il n'y a pas de rapport avec la phonétique, et le sens mot à mot, c'est "grande chose qui vole"...).

Mais il n'y a pas que le vocabulaire qu'il me faut expliquer, car ils ont aussi pris certaines libertés avec le scénario initial de George Lucas ! En fait, Mickey et Dingo vont assister à la première du film (avec tous les personnages dans la salle en tout cas), mais ils rencontrent Donald qui mange son pop-corn trop bruyamment. Alors qu'ils en viennent aux mains, l'ordinateur du projectionniste bugue, et les voilà transportés... A long time ago, in a galaxy far and far away...
Mickey Skywalker et Donald Solo se retrouvent dans un vaisseau qui est un mix entre le Faucon Millenium et un char de la Techno Parade ! Après avoir semé des Tie-Fighters impériaux en slalomant dans un nuage d'astéroïdes, ils trouvent l'aide de la Princesse Leïa (voir plus bas) et des Rebelles. Mais ils sont rapidement attaqués par un Dark Maul dont les cornes ont beaucoup poussé depuis l'épisode I...
Vers une planète isolée alors ils fuient, le grand Maître Jedi Weida (伟大) pour y trouver ! C'est très marrant de voir Donald s'énerver sur Yoda parce qu'il parle à l'envers (et en Chinois !). Mais Yoda n'est pas aussi sage et bienveillant que dans la réalité, car après avoir essayé de les perdre, ils leur vend (!!!) des sabres lasers, de qualité chinoise qui plus est car ils sont cassés dès la première utilisation !
Mais vous n'avez encore rien vu... Les voilà partis pour l'Etoile de la Mort, une boule de discothèque avec un smiley dessiné dessus (!), et dedans... le terrible Dark Vador, qui n'est en fait que le gentil Dingo, qui enlève son masque dès qu'il voit Mickey et Donald. Il n'est même pas le père de Miqi Skywalker... c'est vraiment blasphème sur blasphème cette histoire ! Heureusement, tout finit bien dans la salle de cinéma que nos trois amis retrouvent bien sagement. Je ne sais pas quelle drogue ils prennent chez Disney, mais ils étaient vraiment dans une autre galaxie en écrivant cet épisode !

Comme d'habitude, un petit extrait, en image cette fois-ci !

Miqi-Skywalker-BD.jpg
Dommage que vous ne puissiez pas voir mieux les caractères, désolé pour la qualité !

Je connais environ 60% des caractères de la BD. Si j'essaye de traduire ce passage bien rigolo, cela donne ça :

-Leïa : Luke, mon chéri ! Je remercie ciel et terre, tu es revenu sain et sauf !
-
Mickey : Nnnng ? (En fait, ce sont des onomatopées tous ces caractères avec la clé de la bouche, celle-là, c'est "ng" d'après mon dico...) Princesse Leïa ?

-
Leïa : Duuuuu.... baaa ! (Oui je sais, c'est un peu ridicule, mais il faut respecter le style des auteurs...)
-Mickey : Yuuuu !

-Mickey : Ah, Madame ! Madame, je suis embarrassé, vous n'avez pas vu "La Guerre des Etoiles" ?! Vous êtes ma grande soeur !
-Leïa : Moi... vraiment ?

-Leïa : Je suis confuse, tout est embrouillé...
-Mickey : Attendez un peu !
-Donald : Arf !

C'est pas la classe ça ?

Que la Farce soit avec vous !

Chinese Padawan
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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 12:33
Il faudrait en réalité que je lise plus de Balzac et que je relise ce que j'ai lu trop tôt pour pleinement l'apprécier...
Toujours est-il que je m'en voulais de ne jamais avoir lu Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, ni vu l'adaptation cinématographique faite par Dai Sijie lui-même. Le livre a en effet eu un certain succès en France à sa sortie en 2000, puisqu'il a même remporté le prix Relay du roman d'évasion cette année-là. Voilà donc un manque de comblé, et si vous non plus n'avez pas encore découvert ce livre, n'hésitez pas !

Balzac-Dai-Sijie-couv.jpg
En grande partie autobiographique, le livre retrace l'aventure de Dai et Luo, deux jeunes lycéens de dix-huit ans, fils de médecins jugés contre-révolutionnaires, qui sont envoyés en 1971 dans une montagne sichuanaise pour être "rééduqués" auprès des paysans.

Le début du livre montre bien le niveau de développement de ces zones reculées de la Chine maoïste du début des années 1970. Voici un petit extrait amusant : Luo et Dai arrivent au village de la montagne du Phénix du Ciel, apportant avec eux leur violon, "jouet bourgeois" regardé avec répulsion par les paysans, jusqu'à ce que Dai se mette à jouer.

    "- Vous allez entendre une sonate de Mozart, chef, annonça Luo, aussi tranquille que tout à l'heure.
    Abasourdi, je le crus devenu fou : depuis quelques années, toutes les oeuvres de Mozart, ou de n'importe quel musicien occidental était interdites dans notre pays. (...)
    - C'est quoi une sonate? me demanda le chef, méfiant.
    - Je ne sais pas, commençais-je à bafouiller. Un truc occidental.
    - Une chanson?
    - Plus ou moins, répondis-je, évasif.
   Illico, une vigilance de bon communiste réapparut dans les yeux du chef et sa voix se fit hostile :
    - Comment elle s'appelle, ta chanson?
    - Ca ressemble à une chanson, mais c'est une sonate.
    - Je te demande son nom ! cria-t-il, en me fixant droit dans les yeux.
    De nouveau, les trois gouttes de sang de son oeil gauche me firent peur.
    -
Mozart..., hésitai-je.
    -
Mozart quoi?
    -
Mozart pense au président Mao, continua Luo à ma place.
   Quelle audace ! Mais elle fut efficace : comme s'il avait entendu quelque chose de miraculeux, le visage du chef s'adoucit. Ses yeux se plissèrent dans un large sourire de béatitude.
    - Mozart pense toujours à Mao, dit-il.
    - Oui, toujours, confirma Luo."

Un peu plus tard dans le roman, malgré la fatigue des travaux de la mine et des champs, nos deux héros découvrent deux choses qui bouleversent leurs vies : une collection cachée de livres occidentaux, et la Petit Tailleuse d'une petite ville voisine dont Luo tombe amoureux.

Je n'en dis pas plus sur l'histoire, si ce n'est que la fin est très forte ! Le livre est très agréable à lire, surtout lorsque l'on pense que l'auteur l'a écrit directement en Français (il n'a toujours pas été traduit en Chinois d'après ce que j'ai pu lire sur le Net). Bref, une très belle histoire, qui nous en apprend beaucoup sur la vie des campagnes maoïstes. Je vous conseille donc vivement la lecture de ce livre, si ce n'est pas déjà fait.

Vous verrez que ma prochaine lecture est d'un genre... très différent !
 
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17 septembre 2007 1 17 /09 /septembre /2007 05:25
En venant en Chine, j'ai emporté quelques petits livres traduits en Français pour enrichir le blog au fur et à mesure de mes lectures. N'ayant pas eu beaucoup de temps depuis mon arrivée, j'ai commencé par le plus court : Le poisson de jade et l'épingle au phénix.

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Il s'agit d'un conte picaresque du XVIIe siècle, période visiblement très riche en texte de ce genre. Je l'avais acheté à la Fnac parce qu'il était dans la collection Folio à 2 euros, et qu'il était très court. Cela ne casse pas trois pattes à un phénix (;-)), mais c'est amusant à lire, quasiment d'une traite. Pour faire simple, c'est une histoire d'amour, scellée par les Dieux et les ancêtres, entre Xu Xuan, un jeune bachelier voué à une carrière de haut fonctionnaire, et une jeune femme, Rongniang, encore sans époux. Malgré l'aide de la domestique Quihong, la belle histoire va se compliquer quelque peu. Je ne vous en dit pas plus, afin de ne pas raconter la fin à ceux qui seraient tentés. Ce qui est assez intéressant, c'est de voir comme se mêlent des passages très raffinés à d'autres nettement plus crus, malgré toutes les métaphores très originales employées. On apprend également quelques éléments sur les moeurs de l'époque, le systèmes des épouses et des concubines et les concours impériaux.

Je souhaitais mettre un extrait, mais j'ai un peu peur d'en raconter trop en contextualisant. Je vous laisse donc simplement avec la morale finale du conte :

Porter son soin à bien agir,
Se garder bien de s'avilir !

Que dans les brumes d'un songe s'unissent les corps et se mêlent les âmes, qu'un phénix d'or prenne son vol divin et qu'un poisson de jade jaillisse de l'onde afin que mari et femme faits pour une union d'un siècle se trouvent en harmonie dès la première rencontre, n'est-ce pas là la marque de la convergence des volontés du Ciel? (...) Si les génération futures veillent à appliquer la règle "Porter son soin à bien agir, Se garder bien de s'avilir", ils sont assurés que les vertus dont ils feront preuve seront génératrices d'un immense bonheur !

Tout un programme ! Bonne journée,
V

Le poisson de jade et l'épingle au phénix, conte chinois du XVIIe siècle, anonyme, traduit et annoté par Rainier Lanselle, Folio, 1987.
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