5 décembre 2007
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15:41
Il y a deux semaines, j'avais évoqué le soir où notre classe a été assister à une série de spectacles chinois à la Maison de Thé de Lao She (Lao She Chaguan : 老舍茶馆). Nos professeurs nous avaient dit que le nom de ce lieu venait d'un livre écrit par Lao She, nommé Chaguan, que je me suis procuré en version bilingue, afin de le présenter lors de mon exposé de kouyu d'hier. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Lao She (1899-1966) est sans doute l'un des plus célèbres écrivains chinois du XXe siècle, avec des livres qu'il faut absolument que je lise comme Quatre générations sous un même toit, Pousse-pousse ou Les Gens de Pékin. Lao She est particulièrement apprécié à Pékin, qui est le théâtre de ses principaux ouvrages. Il est vrai qu'il a assisté à quelques grands bouleversements de la capitale chinoise, de la fin de l'Empire lorsqu'il était enfant, à la Révolution culturelle qui le réprimera. Sa mort en 1966, officiellement qualifiée de suicide, susciterait toujours quelques interrogations.

Mais c'est bien de cette fameuse Maison de Thé que je veux vous parler ici. Le texte est en réalité une pièce de théâtre, qui se déroule en trois actes pour autant d'époques (1898, les années 1920, et juste après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale). Seul le lieu ne change pas : une Maison de Thé authentique et célèbre de Pékin. Ce Yutai Dachaguan ("Grande Maison de Thé de la Paix prospère") est tenu par Wang Lifa.
En 1898, un mouvement réformiste vient d'être réprimé en Chine. L'Impératrice douairière Cixi reste donc à la tête d'un Empire dépensier. Les étrangers sont également présents en Chine, ce qui provoque la grande colère des clients chinois du salon de thé, qui n'hésitent pas à rivaliser de xénophobie. En effet, la population ne peut pas se permettre les mêmes folies que l'Impératrice ou les riches marchands occidentaux. Certains campagnards sont si pauvres qu'ils doivent vendre leurs enfants. C'est le cas de Kang Liu, contraint malgré lui par le terrible Liu Mazi de vendre sa propre fille, Kang Shunzi, à l'eunuque Pang, un vieil homme riche et influent à la cour.
Vingt ans plus tard, la Chine est devenue une République, mais, dans un pays en proie aux troubles politiques, la situation des moins fortunés ne s'est pas améliorée pour autant. Les propriétaires de salons de thé ont pour la plupart fermé leur enseigne. Wang Lifa résiste comme il peut, mais ses moyens sont moins importants qu'auparavant. La situation de Kang Shunzi a également évolué : son mari est mort, et elle n'a plus assez de ressources pour nourrir son fils adoptif, Kang Dali. Elle se remémore la funeste maison de thé, et propose ses services à Wang Lifa. Une fois sur place, elle recroise Liu Mazi, et est sur le point de lui faire payer les dures années de mariage forcé qu'elle a endurées. Liu Mazi, ayant bien d'autres ennemis à Pékin, sera en fait tué par d'autres clients.

Le dernier acte de ce drame se déroule après le départ des occupants Japonais. Le Guomindang tente de faire régner sa loi à Pékin, mais la terrible précarité de le population, qui meurt de faim, conduit certains à se rebeller contre l'ordre qui se met en place. C'est le cas de Kang Dali, à la tête d'un mouvement clandestin, qui orchestre notamment les énormes manifestations de professeurs. Dans le même temps, la situation est devenue intenable pour Wang Lifa, qui n'a ni l'énergie ni les moyens financiers de sa jeunesse pour faire survivre son salon de thé. De plus, le fils de Liu Mazi veut venger son père en bénéficiant de ses contacts hauts-placés dans le Guomindang pour prendre possession de la maison de thé devant laquelle son père a été tué vingt ans plus tôt.
La fin est terrible. Elle m'a d'autant plus surpris que je pensais qu'il me restait encore plusieurs pages avant la fin, alors que je tournais en réalité la dernière page pour lire les dernières répliques. Par conséquent, je ne vous dévoile pas le choc final, pour que vous le découvriez à votre tour si vous décidez de lire cette petite pièce. J'ai résumé ici l'intrigue principale, mais il y a de nombreux autres personnages, qui vous permettront d'explorer d'autres facettes de la vie des Pékinois de la première moitié du XXe siècle. J'ai vraiment apprécié l'arrière-plan historique très prononcé et très instructif, mais qui ne nuit pas pour autant à l'histoire des personnages centraux. Ayant développé l'intrigue, je ne mets pas d'extraits cette fois-ci. Retenez que c'est un petit livre qui se lit vite et qui vaut vraiment le coup d'oeil !

Source : www.chine-informations.com.
Mais c'est bien de cette fameuse Maison de Thé que je veux vous parler ici. Le texte est en réalité une pièce de théâtre, qui se déroule en trois actes pour autant d'époques (1898, les années 1920, et juste après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale). Seul le lieu ne change pas : une Maison de Thé authentique et célèbre de Pékin. Ce Yutai Dachaguan ("Grande Maison de Thé de la Paix prospère") est tenu par Wang Lifa.
En 1898, un mouvement réformiste vient d'être réprimé en Chine. L'Impératrice douairière Cixi reste donc à la tête d'un Empire dépensier. Les étrangers sont également présents en Chine, ce qui provoque la grande colère des clients chinois du salon de thé, qui n'hésitent pas à rivaliser de xénophobie. En effet, la population ne peut pas se permettre les mêmes folies que l'Impératrice ou les riches marchands occidentaux. Certains campagnards sont si pauvres qu'ils doivent vendre leurs enfants. C'est le cas de Kang Liu, contraint malgré lui par le terrible Liu Mazi de vendre sa propre fille, Kang Shunzi, à l'eunuque Pang, un vieil homme riche et influent à la cour.
Vingt ans plus tard, la Chine est devenue une République, mais, dans un pays en proie aux troubles politiques, la situation des moins fortunés ne s'est pas améliorée pour autant. Les propriétaires de salons de thé ont pour la plupart fermé leur enseigne. Wang Lifa résiste comme il peut, mais ses moyens sont moins importants qu'auparavant. La situation de Kang Shunzi a également évolué : son mari est mort, et elle n'a plus assez de ressources pour nourrir son fils adoptif, Kang Dali. Elle se remémore la funeste maison de thé, et propose ses services à Wang Lifa. Une fois sur place, elle recroise Liu Mazi, et est sur le point de lui faire payer les dures années de mariage forcé qu'elle a endurées. Liu Mazi, ayant bien d'autres ennemis à Pékin, sera en fait tué par d'autres clients.

Le dernier acte de ce drame se déroule après le départ des occupants Japonais. Le Guomindang tente de faire régner sa loi à Pékin, mais la terrible précarité de le population, qui meurt de faim, conduit certains à se rebeller contre l'ordre qui se met en place. C'est le cas de Kang Dali, à la tête d'un mouvement clandestin, qui orchestre notamment les énormes manifestations de professeurs. Dans le même temps, la situation est devenue intenable pour Wang Lifa, qui n'a ni l'énergie ni les moyens financiers de sa jeunesse pour faire survivre son salon de thé. De plus, le fils de Liu Mazi veut venger son père en bénéficiant de ses contacts hauts-placés dans le Guomindang pour prendre possession de la maison de thé devant laquelle son père a été tué vingt ans plus tôt.
La fin est terrible. Elle m'a d'autant plus surpris que je pensais qu'il me restait encore plusieurs pages avant la fin, alors que je tournais en réalité la dernière page pour lire les dernières répliques. Par conséquent, je ne vous dévoile pas le choc final, pour que vous le découvriez à votre tour si vous décidez de lire cette petite pièce. J'ai résumé ici l'intrigue principale, mais il y a de nombreux autres personnages, qui vous permettront d'explorer d'autres facettes de la vie des Pékinois de la première moitié du XXe siècle. J'ai vraiment apprécié l'arrière-plan historique très prononcé et très instructif, mais qui ne nuit pas pour autant à l'histoire des personnages centraux. Ayant développé l'intrigue, je ne mets pas d'extraits cette fois-ci. Retenez que c'est un petit livre qui se lit vite et qui vaut vraiment le coup d'oeil !