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Bienvenue sur mon blog !

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Je m'appelle Valentin Chaput, ou Xia Bing
en chinois (夏冰 : "glace de l'été"). En 2007-2008, l'année de mes 20 ans, j'ai eu la chance de partir un an apprendre le mandarin à Pékin dans le cadre de ma troisième année à Sciences Po Paris. J'étudiais à l'université de langues étrangères de Pékin, connue en Chine sous le nom de BeiWai, abbréviation de Beijing Waiguoyu Daxue (北京外国语大学).

Vous trouverez sur ce blog le récit de ma vie pékinoise en cette année olympique, des photos de mes voyages et des dossiers thématiques pour découvrir à mes côtés la richesse de la civilisation chinoise. J'espère que vous prendrez du plaisir à parcourir ce blog, et qu'il vous donnera envie de vous rendre en Chine à votre tour !

谢谢

 

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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 16:07
Hier soir, nous étions invités par l’Association des Anciens de Sciences Po en Chine à une conférence de Lu Xiaobo, professeur émérite à Qinghua et Columbia, conseiller spécial dans les relations bilatérales entre la Chine et les Etats-Unis. Une vraie pointure ! Son intervention consistait en quelques remarques et quelques réponses sur les évolutions politiques et économiques envisageables en Chine après le XVIIe Congrès du Parti communiste chinois qui s’est tenu à Pékin, il y a un peu plus d’un mois.
Outre l’excellent repas français qui nous a rappelé les douces saveurs oubliées de notre gastronomie, j'ai retenu quelques éléments particulièrement intéressants, qui étaient souvent des confirmations de ce que l’on peut penser en Occident, mais avec quelques nouvelles idées que j'ai trouvées très pertinentes.

Introduction : les bases du fonctionnement politique de la Chine.
Je commence tout d’abord par quelques commentaires d’introduction pour ceux qui ne sont pas familiers des questions de politique chinoise. Comme vous le savez, la République populaire de Chine est régie par un Parti unique (le PCC) depuis 1949. Les grands congrès du Parti se succèdent selon un rythme quinquennal, avec pour mission de décider des grandes orientations et des nominations aux postes influents.
J’ai déjà évoqué le découpage administratif du pays dans mes articles sur la géographie de la Chine. En bas de l’échelle, on trouve des entités locales qui, en pratique, sont souvent plus indépendantes qu’on ne le croit dans l’application ou la non-application des décisions de Pékin. Puis viennent le rang provincial avec ses spécificités, et bien sûr, le pouvoir central à Pékin. La capitale accueille l’Assemblée du peuple qui comporte les centaines de délégués de toute la Chine. Malgré la présence d’élections au niveau local, ces délégués sont dans les faits choisis par le Parti. Mais c’est surtout le Politburo qui active les leviers économiques et politiques du pays. Ce groupe restreint contient neuf membres, et est actuellement présidé par Hu Jintao.

Le jeu opaque de la "démocratie interne" au sein d’un Parti unique…
Hu représente la quatrième génération de dirigeants de la Chine communiste après ses prédécesseurs Mao Zedong, Deng Xiaoping et Jiang Zemin. Actuellement, la durée de vie d’une génération au pouvoir est de dix ans (deux Congrès). Hu Jintao ayant été désigné il y a cinq ans, les préparatifs de sa succession dans cinq ans sont déjà en cours. Première nouveauté remarquable, cette succession est moins évidente que les précédentes. Dans le cas de Hu Jintao, il n’y avait aucun suspense : tout le monde savait à l’avance qu’il serait le prochain dirigeant du pays.
Seulement cette fois-ci, le choix n’est pas encore arrêté entre deux candidats potentiels. D’un côté, Li Keqiang poursuivrait la même politique que Hu. De l’autre, Xi Jinping, le très influent premier secrétaire de Shanghai semble favori pour remplacer Hu dans cinq ans, car il représente le meilleur compromis entre les tendances conservatrice et réformiste du Parti. Notez que dans le contexte chinois, les conservateurs correspondent à la "gauche" de l'échiquier politique puisqu'ils veulent conserver les fondements communistes du régime, alors que les réformistes libéraux sont "à droite".
A défaut de proposer des alternatives à l’extérieur du cadre du Parti unique, le régime connaît actuellement une certaine concurrence en interne. Qui dit concurrence dit débats, arbitrages, compromis… des mécanismes qui n’ont certes pas la transparence d’un régime démocratique, mais qui révèlent l’existence de divergences d’opinions dans les solutions à apporter aux développements présent et futur du pays.

…dont l’avenir à moyen terme semble assuré…
Ce développement de la Chine dont nous sommes les témoins actuellement est indissociable de la mainmise qu’exerce le PCC sur la vie politique chinoise. Certains soutiennent même que l’absence de contestation facilite la prise de décisions rapides et permet une croissance économique si efficace. Maigre lot de consolation pour ceux qui souhaiteraient une démocratisation accrue du système politique. Mais la transition économique semble avoir porté ses fruits, et en deux décennies le pays est passé sans heurts d’une économie composée à 80% d’entreprises d’Etat, à la situation actuelle qui s’approche des 70% d’entreprises privées, souvent financées par des capitaux étrangers.
Lu Xiaobo nous confiait toutefois avec optimisme que les choses avaient tendance à évoluer (timidement) dans le sens d’une libéralisation politique. Selon ses informations, le peuple chinois sera amené dans un avenir proche à élire lui même ses représentants, au cours d’élections à candidats multiples, probablement tous issus du PCC, mais représentant différentes tendances. A mon avis, nous devons encore attendre de voir le résultat dans la réalité avant de parler de progrès importants. Car globalement, le contrôle du Parti sur les médias et les nominations n’a aucune raison de disparaître dans les prochaines années. Aucune raison… sauf une crise très grave !

…par des réformes sociales et économiques qui renforceront son omnipotence politique.
C’est une idée qui revient dans la plupart des discours que j’ai entendus sur la Chine : le PCC est trop fort pour être renversé dans un contexte "normal". Dans l’esprit des Chinois, le Parti est le garant de l’incroyable croissance économique du pays, et donc de l’augmentation continue du niveau de vie de la partie influente qui émerge dans la nouvelle société chinoise. Mais dans le cas d’un ralentissement brutal de ces bons résultats économiques, ou pire d’une grave crise économique qui est loin d'être impossible, les Chinois pourraient être moins indulgents avec leurs dirigeants.
Selon notre conférencier d'hier, le PCC, dans le but de prévenir des contestations futures, devrait engager de vastes réformes sociales et sociétales dans les cinq ans à venir. La plus attendue concerne le système de santé, qui est l’un des gros points noirs en Chine. Le Parti préfèrera certainement engager lui-même les réformes, plutôt que de risquer d’être renversé à cause de son immobilisme. Ce serait donc le début d'un cercle vertueux de réformes progressives, mais attendons là aussi de voir ce qui se passera réellement.

Conclusion : ce Congrès a-t-il aidé la Chine a mieux préparer son avenir ?
Au-delà de l’économie et de la démocratisation des institutions du pays, la Chine est confrontée à de grands enjeux inédits, à commencer par la question environnementale. Lu Xiaobo a également insisté sur le piège de juger de la politique chinoise à partir des seuls succès de Shanghai et Pékin, car la Chine reste en grande partie rurale,  agricole et pauvre, encore basée sur de petites industries souvent archaïques. Le pays, en plus de sa population qui est jugée trop nombreuse par tous les Chinois, souffre de grandes disparités entre les moyens des différentes régions, ainsi qu’entre les revenus des plus riches et des nombreux laissés pour compte de la Chine moderne. Quel avenir pour les ouvriers migrants qui sont aujourd'hui la "colonne vertébrale du développement de la Chine" pour reprendre l'expression de Lu Xiaobo ?
Enfin, n’oublions pas non plus que la Chine revendique désormais une certaine influence sur la géopolitique internationale, ce qui lui apporte des responsabilités nouvelles en contrepartie. La Chine est de plus en plus dépendante du monde qui l’entoure, autant sur le plan économique (50% du pétrole consommé en Chine est désormais importé) que sur les problématiques politiques.
Beaucoup de questions, plusieurs réponses envisageables et envisagées dans les hautes sphères pékinoises, moins monolithiques qu’on ne le dit généralement en France. Il est encore trop tôt pour tirer des enseignements  définitifs sur le dernier Congrès.

Mais nous vivons une époque passionnante !
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