8 janvier 2008
2
08
/01
/janvier
/2008
16:50

Voici venu le temps de parler de mon film chinois préféré : Hero (英雄) ! Vous l’aurez certainement remarqué, ma sélection ne contient que des films qui ont moins de dix ans. Bien conscient de cette lacune concernant le cinéma chinois moins récent, qui contient quelques grands chefs d’œuvre, je compte désormais essayer de voir plus de classiques.

Mais revenons au grand film dont il est question ici. J’ai vu Hero en 2002, deux ans après Tigre et Dragon dont je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais. Tout ce qui m’avait plu dans Tigre et Dragon était décuplé dans Hero ! Sur le plan de l’histoire, un scénario alliant événements historiques et légendes chinoises ; sur le plan des personnages, des héros puissants, aux motivations mystérieuses, qui ne se révèlent réellement qu’à la fin du film. Pourtant, c’est bien sur le plan visuel qu’Hero est extraordinaire : des décors et des paysages tous plus somptueux les uns que les autres, une mise en scène très recherchée, avec de superbes costumes, une action toujours très maîtrisée, et malgré tout, une très grande variété d’environnements et de situations.

L’histoire de Hero s’inscrit dans le cadre de l’unification de la Chine par l’Empereur Qin, dont j’ai déjà parlé à de maintes reprises sur le blog. Nous sommes donc à la fin du IIIe siècle av.JC. Dans sa conquête de l’Empire du milieu, Qin a dû affronter les six autres grands royaumes de l’époque, qui ont réuni leurs meilleurs guerriers pour se défendre. Parmi eux, trois maîtres d’armes remarquables contrecarrent les plans du royaume de Qin : Lame Brisée, Flocon de Neige et Ciel Etoilé. Un autre guerrier qui se fait appeler Sans Nom (Jet Li) prétend les avoir tué tous les trois, et apporte au futur Empereur les armes des vaincus en témoignage de son succès. Cette victoire lui permet d’approcher l’Empereur, qui, par méfiance extrême, tient tout le monde à bonne distance de lui. Mais à mesure que Sans Nom raconte ses exploits, les conditions de ses victoires et ses motivations personnelles se dévoilent progressivement…

Le plan qui m’a le plu impressionné, à la manière du jeu d’écho dans Le Secret des Poignards Volants, est incontestablement celui de la calligraphie. Lame Brisée (Tony Leung) se trouve dans un lieu dédié à la méditation, perdu au milieu d’une vallée. Comme les sages qui l’entourent, il se lance dans une calligraphie inspirée, traçant des caractères dans le sable, pour en saisir toute l’essence. Dehors, l’armée impériale est en place, et des milliers de flèches fendent le ciel, pour s’abattre sur les moines. Lame Brisée semble pourtant intouchable, sa quiétude est imperturbable et il continue l’enchaînement de ses traits dans le sable. Il faut voir cette scène, magnifique et marquante.

Que dire également de la scène de duel en intérieur, avec les draps et rideaux qui servent tour à tour de cachettes, d’obstacles ou de lianes pour s’élancer sur l’adversaire. Rappelez-vous aussi de la scène dans la forêt aux feuilles d’or, qui contrastent avec le rouge vif des vêtements des actrices. Rien n’a été laissé au hasard dans la chorégraphie de tous ces combats élégants et aériens, dans le choix des couleurs et des sites naturels.

Tout le film est de cette qualité, avec Zhang Yimou à la tête de techniciens de grande qualité, pour donner le meilleur du wuxiapian, ce genre de films chinois à mi-chemin entre la réalité historique et les batailles légendaires. La crème des acteurs est également réunie pour ce film, avec notamment Jet Li, Tony Leung, Maggie Cheung et Zhang Ziyi pour ne citer que les quatre plus célèbres. Un véritable spectacle qui réjouit la vue, l’ouïe et satisfait l’esprit, une plongée dans la richesse de la civilisation chinoise, Hero est un immanquable, à voir et à revoir. Bon film à toutes et tous !